Assise devant la mare. Pas de grenouilles, la vue doit s’habituer.
Pause déjeuner, rien ne vaut un petit café pris au soleil, le métal du banc chauffant très agréablement l’assise fessière.
Tiens un dytique, et là, un gerris, un autre ici. Ils ne chôment pas, ils courent sur l’eau, sous l’eau, au-dessus de l’eau. S’envolent à l’occasion. Malheur à l’insecte qui aura une petite faiblesse en se posant sur l’eau.
J’ai toujours mon appareil photo chaussé de son téléobjectif avec moi. Je vise et déclenche l’ouverture de l’objectif, espérant obtenir une photo nette de ces tout petits. Les têtards nagent dans ce qui approche une sérénité certaine. Le bel âge. Dans l’eau, il y a un fond de feuilles de l’hiver tombées, de la menthe aquatique qui commence à pousser, et quelques lentilles d’eau. Menthe et lentilles ne semblent n’avoir qu’un but, remplir la mare, ce qui peut se faire très vite. D’ici quelques mois on ne verra plus que très peu ce qui se passe sous la surface. Les lentilles serviront de sol stable aux insectes assoiffés (mouches, abeilles, guêpes, frelons, bourdons, tout ce petit monde en train de renaître en ce début de printemps viendra bientôt se désaltérer dans ce petit point d’eau), la menthe donnera des fleurs qu’apprécieront les butineurs.
Nous observons donc cette petite boule noire qui lorsqu’elle s’arrête repart subitement à grand vitesse. Ses marques blanches me font trouver qu’il s’agirait d’un Agabus dydimus, un coléoptère aquatique, un dytique.

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Cette image donne une idée de la taille de l’insecte à côté d’un têtard né en février. Les dytiques, larves et adultes, peuvent se nourrir de têtards. Je n’ai jamais vu d’attaque dans la mare, peut-être sont-ils maintenant trop grands ? Et ils sont si nombreux.

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J’ai donc pris des photos de ces « gros » animaux qui peuplent la mare. Ceux que je voyais à l’oeil nu (avec mes lunettes tout de même). Et c’est en agrandissant une photo de gerris que j’ai vu « autre chose ». Je crois bien qu’il s’agit des larves de moustiques. Les moustiques sont très rares chez nous, peu de piqûres, et pour cause, un combat actif a lieu dans la mare, Dytiques et Gerris sont des dévoreurs de larves de moustiques, et si les têtards sont herbivores, les grenouilles apprécient tout ce qui se trouvent dans la mare. Et pour les moustiques qui réussiraient à grandir et s’envoler, à entrer dans notre maison, les gardiennes (nos chers pholques) leur laisseraient peu de chance d’arriver jusqu’à nos chairs attirantes. Nous sommes bien entourés. C’est tout un équilibre qui stabilise des situations qui pourraient devenir très désagréables.

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Quant aux grenouilles invisibles, elles sont pourtant là. Je finis toujours par apercevoir un oeil ou une peau ressemblant à une feuille morte luisante sur la rive qui fait face au banc. On n’y voit rien ou pas grand chose. Comme ici deux grenouilles.

oh oui bien camouflées, les petites grenouilles! et quel bel équilibre dans cette mare! c’est fabuleux de précision!
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Le soleil fait quelques sorties, il fait encore bien frais, mais on sent que les choses bougent, ça renaît partout autour de moi, et ça me ravit.
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Bravo pour votre sens de l’observation et votre regard patient et attentif ! Je n’aurais certainement pas vu tout ce microcosme à votre place, étant très distraite et en plus myope… Cette vie aquatique est vraiment bien organisée et fascinante !
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Merci Marie-Anne, J’ai toujours été observatrice et curieuse des petites anomalies dans le « paysage ». Mon appareil photo est une bonne béquille pour remédier à ma vue très imparfaite. La vie dans la nature ne cesse de me fasciner, je crois n’avoir plus rien à découvrir dans ce petit bois que je fréquente depuis sept ans, et chaque année apporte du nouveau, quelque chose que j’avais sûrement raté jusque là. Dans un livre que je lis en ce moment, le narrateur regarde le monde d’un petit bout de terre à la loupe, ça ouvre des perspectives nouvelles, j’ai pris des jumelles pour regarder la mare, un autre monde s’ouvre aussitôt. Mais je préfère l’appareil photo, je ne suis pas obligée de retirer mes lunettes comme avec les jumelles 🧐
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J’aime tant les gerris, c’est une belle photo avec un joli reflet. Les mares et points d’eaux habités de batraciens me rappellent toujours ce passage d’un livre de Annie Dillard où elle assiste à une prédation d’une nèpe géante sur une grenouille. :O
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Je crois savoir que les nèpes sont très voraces.
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