Dessins épistolaires

Et mince… mercredi, comme il peut m’arriver encore (ô sublime moment), je fouille dans les rayons d’une grande librairie parisienne. Je tombe sur ce livre placé sur une table en retrait des sorties livresques ayant le vent en poupe, couverture attirante, je feuillette, l’intérieur me plait. Il s’agit d’une correspondance épistolaire entre Bernard Noël et Daniel Nadaud. Si j’ai lu quelques textes du premier, le second m’est totalement inconnu. La correspondance entre les deux artistes amis a duré jusqu’au décès de Bernard Noël, soit trente-sept années (et même davantage sans les dessins). J’ai commencé le livre le soir même, on y parle beaucoup de travail, de projets, d’expositions, de livres, le temps ne s’y arrête jamais… Les courriers de Daniel Nadaud, dessinateur, lithographe, sculpteur-assembleur et écrivain, prennent la forme de dessins dans lesquels les mots tels des traces de pattes d’insectes (que le dessinateur affectionne), se glissent, s’approprient ce qu’il reste d’espace. Pour les lecteurs de cette correspondance les échanges ont été reproduits de façon à ce que la lecture soit aisée, respectant un ordre chronologique.

Je n’en suis qu’au début du livre, et j’aime déjà ces échanges passionnés à propos du travail de chacun, de leurs rencontres, de la vie qui ne lâche rien. Le soir même je faisais quelques recherches sur Daniel Nadaud, je visionnais quelques vidéos, et je découvrais qu’une exposition de ses carnets venait de se terminer à la Bibliothèque nationale de France. Le 12 mars. Oui, de cette année. Et mince !!! Trois jours avant que je découvre ce livre. Bien sûr on ne peut pas tout voir, et avec le peu de temps que je passe à Paris, il faut toujours faire des choix, mais là, il ne s’agissait pas d’un choix, j’ignorais tout de cette exposition.

Daniel Nadaud développe depuis la fin des années 1970 une œuvre aussi discrète que foisonnante qui éclaire, avec une fantaisie empreinte d’humour noir et de tendre nostalgie, l’absurdité du monde et la folie des hommes.