Un livre, petit, un objet dans lequel coule un texte sans début ni fin, sans pratiquement de ponctuation (de rares virgules et points de suspension). Ce texte était visible manuscrit à l’exposition de l’artiste, à la Bibliothèque nationale de France, site François Mitterand, que j’ai eu la chance de visiter le 16 novembre 2021.
Lu en partie à voix haute, parfois en chuchotant, parfois dans le silence, parce qu’il faut reconnaître que mon esprit pouvait se perdre, s’envoler, rester en arrière, ou faire le renégat en profitant des chemins de traverse offerts au fil des lignes. Lu parfois assise, parfois en marchant. Et puis on y rencontre des corps, des arbres, des yeux des épines des feuilles de la lumière de la poussière, des empreintes et des identités, des étoiles, tout ce qui compose le travail de Giuseppe Penone. J’y vois un livre de références à l’oeuvre totale.
Ce texte de 58 pages a été traduit par Jean-Christophe Bailly, dont j’ai lu quelques livres et que j’apprécie. Voilà ce qu’il dit de sa traduction.
« Rendre en français la phrase sans fin du texte original n’allait pas de soi et la coulée de sève que j’aurais souhaitée lisse a souvent rencontré des obstacles. L’apport de virgules mais aussi de points de suspension espaçant le flux à intervalles irréguliers sans toutefois l’interrompre a permis d’en surmonter la plupart, mais sans doute pas la totalité. Que ceux qui demeurent puissent être considérés, fidèlement à la leçon du texte, comme des nœuds dans un tronc d’arbre, tel serait mon souhait. Pour bien entendre ce texte, il est nécessaire il me semble d’en mesurer justement la portée orale. Ce que l’entraînement continu des séquences a parfois l’air de dissimuler s’éclaire dès qu’on lit le texte à voix haute. »
Ci-dessous, in situ l’œuvre comprenant le texte.



« J’ai commencé le frottage d’un tronc d’acacia avec des feuilles de sureau en été 2017.
J’ai terminé d’écrire mes pensées le 14 juin 2018″
Cette oeuvre m’a tout de suite évoqué le bonheur de plonger dans un travail de création…
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Bonheur, exaltation, mais aussi discipline.
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Le temps mis. À sortir de soi.
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Oh oui, aussi.
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