Je ne suis pas certaine d’avoir intégré totalement le fait que j’habite au bord de la mer. Hier, allant du bois au bourg notre voiture longeait la falaise, la mer et l’horizon sous un ciel d’un bleu pur et froid. Je t’ai dit : « On habite un sacré bel endroit ». J’ai tendance à n’avoir d’yeux que pour le bois, le dedans en harmonie avec les confins de l’océan vert. Là, l’ouverture était grandiose.
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C’était en 2006. De la mer la plus proche de notre banlieue, des rares et courts séjours que nous y faisions, je ramenais des galets qui finissaient par trouer mes poches. Au creux de notre appartement de ma cité dionysienne, cherchant à illustrer quelques mots en partance que j’écrivais alors pour ne pas perdre le nord vers lequel je larguais souvent les amarres pour des contrées imaginaires, j’ai affrété un radeau de fer blanc de mes petits galets. Posée sur un miroir mon embarcation allait se prendre au jeu de la croisée des mondes. Je me souviens de l’application que je mettais à construire le tableau, ayant peut-être en tête, le soin que prenait Géricault à installer des cadavres sur son chantier qui lui servirait de modèle pour son terrifiant et fascinant Radeau de la Méduse. Bien que ce fut un autre tableau du même Géricault qui occupait mon esprit à cette époque un peu dantesque.
L’image capturée montre le canot prêt à quitter la rive afin de s’engager sur la surface lisse du lac trop paisible. On peut sans peine imaginer que le dos tourné, notre radeau trop lourd se sera enfoncé sous la surface emportant corps et âmes de pierre pour d’autres territoires. Ou pas.

(En parcourant mes archives photographiques)
je vois bien la scène car elle m’est familière…..
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