Ni le vent ni la hulotte ni même le voisin clandestin des combles. Rien que l’édredon du silence, c’est à peine si les mots osent s’entrechoquer dans le cagibi obscur.
Combien de fragments d’heures devrai-je encore amasser pour entendre le chant de l’aube ? se demande-t-elle en tâtonnant dans le noir chaudron de l’insomnie.
5h32, l’oiseau fidèle donne l’ordre de l’éveil. Soulagement. Nous le savons perché sur une branche, peut-être celle d’un frêne ou bien du grand vieux chêne. Il ouvre son bec avec vigueur, on pourrait y apercevoir sa langue à défaut de la bien comprendre, il se tourne de droite et de gauche en sautillant, l’annonce du matin se répand à travers bois. D’un rouge gorge à un autre, plus loin, un autre, les territoires s’épellent. La vie de la nuit se retire, elle prend son élan pour ses œuvres du jour. S’il arrive, rien n’est jamais gagné et les ombres aussi douces soient-elles savent que l’hiver est leur royaume et qu’elles s’y sentent bien. L’oiseau insiste.
5h52, hou houhou, la hulotte daigne un discret hululement comme pour dire au passereau de lui laisser encore quelques grains dans le sablier nocturne. C’est vrai qu’il sonne fort de sa voix de cristal. Et qu’il y met du cœur. Une énergie vorace. C’est le carilloneur des aurores qui lèvent les corps du céleste au charnel.
Les singes, eux, ne sont pas venus, sans doute as-tu trop écouté les loups hurler dans les pages du livre.
(singes de la nuit, 30 janvier 2023)
Heureusement la hulotte.
Et les oiseaux qui insistent.
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