Il y avait cette dame qui nouait son voile autour de la lance d’un chevalier. Un vieux film dont il ne me reste que cette séquence en mémoire. Évidemment, le bel écuyer triompherait de tous les duels. J’étais petite fille, et je marchais dans le grand parc qu’il me fallait traverser pour me rendre à l’école. Solitaire accompagnée de mon cheval et de mon ami imaginaires. Je ne devais parler à aucun inconnu, ne pas accepter de bonbons, ne pas jouer avec les papillons, ne pas m’arrêter en chemin, ne pas avoir peur si… Ce jour-là, je me suis déchaussée et je suis entrée dans le bassin. Des taches de mousse verdâtre et glissante en tapissaient le fond, je suis tombée, petite sotte. Je ne me rappelle pas comment je suis rentrée chez moi, la jupe dégoulinante. Cette année là, je m’étais fracturé la clavicule en sautillant follette sur le rebord d’une fenêtre. J’étais le chevalier sans peur qui terrasserait le dragon, mais la lutine trop espiègle se sera terrassée elle-même. Temps volé. Je suis incapable de donner de la matière à la chute. Je n’ai rien vu passer. Que la fessée d’une mère en panique découvrant que sa fille vit encore. Et quant à la douleur je ne garde que le souvenir des mots qui voulurent l’exprimer. La nuit qui suivit, je suis sortie avec mon père et il m’a nommé les étoiles. Je ne peux pas oublier ce moment là. Je les vois le père et la fille à côté de moi qui les observe au bord du Cher. Cette image de nous est partie pour se perdre dans l’infini, afin de nourrir les mirages qui gravitent encore dans mes souvenirs. J’ai vite compris que je pouvais dépasser le film tendu au-dessus de nos têtes et m’enfoncer dans l’univers. Voyager. Il fut une époque où je passais plus de temps au bord des horizons des grands attracteurs que les pieds sur terre. Maintes fois j’ai cherché à franchir la frontière de l’univers pour tenter de percer le secret absolu. Mais il n’est pire somnifère que de vouloir rouler le temps. Toujours je me suis endormie avant de franchir le mur. On s’y casse la raison mais jamais les rêves. Pourtant cela s’est arrêté. L’inextricable cheminement, à la fois dame et chevalier voguant sur mes vaisseaux de papier qui finalement auront pris l’eau. Je ne rentrai pas chez moi cette fois. Ou plutôt, j’ai sauté de mon cheval et je suis entrée dans le labyrinthe.
J’aime beaucoup Evelyne!!!!
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Merci d’être venue jusqu’ici, Caroline.
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ton texte me ramène à jodie foster dans le film ‘contact’………et moi je t’aime ainsi, lutin follette ❤
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Je sais bien malyloup et te fais des bisous
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La photo m’intrigue: est-ce la surface de l’eau?
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Le têtard est bien dans l’eau, j’ai un peu modifié l’effet de la photo pour donner (d’après moi, un effet un peu éthéré.. oui, bon). Voici la photo originale qui aurait pu se suffire à elle-même : https://labocalalenvers.files.wordpress.com/2018/10/img_4704rec.jpg
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Effet très réussi! Je me demandais si c’était la surface de l’eau ou quelque vision de l’espace transmise par Cassini ou autre, et cette hésitation finalement répond à votre texte.
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Merci de l’avoir remarqué, c’était l’effet escompté.
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