Puisqu’il faut avancer… un détour s’impose

Je fouille beaucoup dans une vieille malle en ce moment avec l’espoir d’avancer sur le projet de longue haleine qui me tient tant à coeur. Je retrouve des textes, je me retrouve aussi, en voici un publié sur un ancien blog, le 5 mars 2006

*

Nous relisant. Pourquoi toujours ce besoin de justifier ? J’écris. Point. Atteindre la sincérité, le plus proche de soi, pour soi, extraire l’étrangeté, la projeter, dis-moi miroir, qui ? Travailler, et puis retravailler, déloger les failles. Sentir le léger décalage que le temps a accompli. Relire, se relire, se délire, appréhender les échos, lire à l’infini de l’autre, de soi, qui ? Le temps nous fait devenir suffisamment étranger à nous-mêmes. Ce rapprochement. Je t’ai offert de nouveaux yeux. Quand on commence à pouvoir s’exprimer, on dit moins. Mieux serait mieux.

Me relisant. Dans tous ces mots, beaucoup en trop, comme un fleuve qui n’a pas trouvé son lit et inonde ce sur quoi il passe. Jeune chien fou, gueuse errante repliée dans le baluchon qu’elle trimballe comme une vieille couverture. Peau qui coule le long des corps insoupçonnés. Les affolements, les manques de souffle, les tétanies de l’expression. J’y vois, j’y aime. Aveuglement, indigestion à soi non perçu comme. Tendresse aux temps passés.

Quel mot pourrais-je encore polir pour faire renaître le commencement ?

Une petite dame âgée, petite, dame et âgée, descendait les marches de l’amphithéâtre. Elle semblait pouvoir perdre son équilibre à chaque instant.  Et soudain, la voilà qui enjambe la rangée de sièges, pour ne pas déranger les gens déjà installés. Un monsieur, paniquant, l’attrape par le bras, elle se débat doucement, le monsieur la relâche en gardant une main de protection à proximité. Et elle, enfin assise, prend alors son plus charmant sourire et lui explique qu’il n’y avait rien à craindre.

Dis-moi, miroir. De quel côté suis-je censée avoir posé mes racines ?

Celui des mots est chaud.

En relisant, comme un ciel qui se fait profond et accueillant, sans vertige, sans crainte, une terre d’asile.

graphichore – 2004

14 commentaires sur “Puisqu’il faut avancer… un détour s’impose

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    1. A l’origine les graphichores mettaient en danse le texte écrit. Mais c’est beau « écriture chorale ». Alors je prends les deux significations, si vous voulez bien.

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  1. Un texte qui résonne en moi comme d’habitude… Très beau, tout comme l’image. « Je suis un sanglier fouissant sous les feuilles-mots », j’aime cette idée de recherche un peu brute, un peu animale. Le texte est-il quelque part ? Je n’arrive pas bien à lire la fin…

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    1. Qu’entends-tu pas « la fin » ? Il y a les mots lisibles, les mots a moitié effacés, le texte à l’envers aussi. Ce texte existe certainement quelque part dans quelques recoins de mes fichiers, mais où ? L’image est aussi là pour ne pas tout révéler, chacun y suit ainsi son propre chemin.

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  2. déloger les failles
    se délire
    à l’infini de l’autre
    étranger à nous-mêmes

    comme un fleuve
    jeune chien fou
    le long des corps insoupçonnés
    tendresse aux temps passés

    le côté des mots est chaud
    une terre d’asile

    Aimé par 1 personne

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