Le geai et le merle

Lorsque je l’ai vu arriver, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un pigeon. Evolution du regard : un beau pigeon. Encore un effort : magnifique pigeon. Petite voix : ce serait bien la première fois qu’un pigeon viendrait se poser ici. Clairvoyance : mais c’est un geai ! Oh ! Incroyable !

J’attrape l’appareil photo, l’occasion est trop belle pour moi qui les poursuis dans le bois, lui et ses congénères. Toujours si loin. La première fois, je me souviens, il y a quatre, cinq ans, c’était un cri, une jacasserie tonitruante. J’étais l’intruse. Puis il y eu les miaulements, genre chaton en danger, les hennissements, tu te moques ? Mais toujours une apparition fulgurante et lointaine. Pourtant il y a deux mois, le geai s’approchait déjà, se posait sur une branche, vite chassé par le merle. Mais là, là…oooooh.

Il grappille quelques graines. Un oeil sur la pomme. Mais très vite, il se met en position de fuite, et décolle. Je vois Merle fondre sur lui. Poursuite jusqu’aux limites du jardin. Merle accepte les petits oiseaux – les voit-il seulement ? – mais visiblement pas les gros (souvenons-nous des trois grives qu’il chassa promptement).  Et puis, les minibirds n’ont pas l’indélicatesse de toucher aux pommes.

Pauvre geai, pensai-je ! Et pauvre de moi qui aurais bien voulu le compter parmi les visiteurs quotidiens. Merle dit : « c’est ma pomme ». Adam ne se reconnaissant pas de concurrent, il partit chanter sur le toit. Quelques notes bien enlevées, l’air ailleurs, ramage enjôleur dans son plumage noir de jais. Foin de possession, le geai est revenu. Pique et pique et pique pomme, déniant ainsi que le fruit fut défendu, l’animal satisfait s’envola ventre replet.

Quant à Teddy, sa migration dans le bois n’aura pas duré longtemps.