L’idée c’était de juste publier ce dessin (en bas de l’article), sans mot, comme ça. Je lui cherchais un titre, hum… L’embarquement pour Cythère ? c’est ce que les publicités au sol proposent. Et si le tableau est loin de celui de Watteau, je sais bien ce que j’ai voulu y mettre. Mais voilà, Béatrice qui est l’héroïne du tableau avait une autre suggestion : « Béatrice joue la love doll et le monde est toujours vivant ». D’accord, mais là je crois qu’il faut que je décompose.
Béatrice était apparue sur le premier bocal et avait disparu aussi vite en me laissant le bec dans l’eau. C’était là, vous savez, ma fascination pour les poupées* de Hans Bellmer mêlée à celle des love doll dont je parlais un peu ici (la conférence d’Agnès Giard). Je fais fort tout de même pour quelqu’un qui n’arrivait pas à jouer à la poupée étant gamine. Donc Béatrice et son jeu de la comédie qu’elle voudrait danser divinement (par contre j’ai beaucoup joué avec la barque de Dante et Virgile.). Béatrice qui aime vivre son corps, libre d’en faire ce que bon lui semble, facile vous me direz pour un perso qui n’est même pas capable d’aller jusqu’au bout de l’histoire.
– …toc toc… je peux dire quelque chose, ‘vy ?
– Bien sûr, Béa.
– Ce n’est pas moi qui n’ai pas terminé l’histoire, c’est toi qui n’a pas su l’écrire.
Haussement d’épaules… Saurais-je seulement écrire la mienne d’histoire. Sans intérêt me répondrait l’écho. D’accord, j’ai eu du mal à tenir la route, faire les liaisons entre les scènes, ça me barbait un peu. J’ai besoin du trait vif, je suis mal dans la pesanteur du temps des mots sur le long terme. Finalement c’était plus rigolo de dessiner qu’écrire. Mais Béatrice est restée avec moi, toutes restent ensuite avec nous, enfin Elles qui tant effacent mon je. Mais venons-en au reste du titre que me suggérait Béa. « et le monde est toujours vivant ». Alors là, on en venait à ma première rencontre avec une love doll, c’était à l’exposition de Sugimoto (prénom oublié) « Aujourd’hui le monde est mort », au Palais de Tokyo. J’ai carrément craqué pour cette petite personne qui, malgré le fait qu’elle était un objet inanimé, pouvait encore s’exprimer alors que les humains n’en auraient plus l’occasion. Il est fort Sugimoto Hiroshi, la love doll me lisait sa lettre pendant que je la prenais en photo dans son monde mort de jour et de nuit où elle semblait si vivante.
Voilà donc comment ce dessin qui se voulait un simple embarquement pour un petit ilot de mon imagination me donne l’occasion d’évoquer Watteau, Delacroix, Bellmer, Sugimoto et Giard dans le même article.
Le dessin (format A3, crayon aquarelle, encre, sur papier blanc, photographié sous le peu de lumière du jour du moment)
* J’ai photographié cette magnifique poupée de Bellmer lors de l’exposition Le surréalisme et l’objet, au Centre Pompidou en 2013.
et moi qui aime le
trait vif…
des pétales qui se déploient..
sauvagement…
le compliqué sans complexes
pour toute la beauté de la fleur
ah… choyée…
et je me souviens des poupées…
et puis ce chat
mais sommes-nous morts ou vivants
gênés ou non par un pied gauche
peu importe
puisqu’il y a le je et le tu
et tout le reste autour
si follement
si librement qui se déploie
…
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« sauvagement… choyée » on ne peut en effet pas imaginer des fleurs sans pétales, comment aimer sinon ? xxx
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ce style de dessin me fait penser à un genre de fantasme,comme si on voulait faire quelque chose mais qui ne se fera pas…
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il y a bien un monde où les fantasmes se réalisent… mais oui, ce style de dessin pourrait être ce genre-là.
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J’adore chaque petit détail qui se cache dans ce dessin, et encore en zoomant je ne vois pas tout mais je suis sure qu’il y a d’autres choses à voir – une scène captivante comme d’habitude.
« Farouche et sauvage », j’aime ces mots discrètement posés.
Et le chat de Schrödinger qui a effectivement l’air de s’enfuir chez la voisine 😉
Sans oublier cette relation avec tes personnages que je me rappelle déjà avoir lu par ici et qui m’avait déjà bien plu
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Ah merci Cléa de me suivre si bien et de chercher les petits détails. J’aime cacher des choses, rien n’est innocent dans un dessin. souvent des clins d’oeil, des traits d’humour ou d’amour… Je sais que tout n’est pas visible du fait de la qualité très moyenne de la photo.
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Rien n’est innocent dans la création, finalement, on y met toujours des bouts de quelque chose consciemment ou inconsciemment…
J’espère un jour pouvoir en tenir un dans mes mains pour pouvoir le scruter de toutes parts 😉
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Le sec et le mouillé … mais je ne sais pas dans quel sens ! Bravo et merci, ‘vy !
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Dans ce sens là, Gilles. Merci ! Bonne journée.
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Merci, ‘vy !
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Tant de je/ux possibles avec les poupées et toutes ces boîtes prometteuses…
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Boites-cubes béantes projetées sur le papier et réalisées dans l’espace, des unes aux autres et vice versa, l’infini des possibilités n’aura jamais trop d’un je pour tirer les ficelles. Les poupées sont sérieuses quand elles jouent.
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Hyper/spectives!!!
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Je suis un peu mégalo parfois.
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« les mots se pressent pour colmater l’hémorragie d’amour »……………. »poudre de volupté »……..ah comme tu les chevauches bien ces mots funambules, Evy!
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Mais ce sont des créatures fougueuses qui souvent me désarçonnent.
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je m’en doute! 😉
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