Si je donnais une image au temps, ce serait celle du feu qui dévore la matière. Cette bouche béante expirant la fournaise fit ce soir-là bondir mes souvenirs. Ces ruines parfaitement réparties dans un fabuleux chaos me replongent soudain dans un rêve expressif qui me traversait il y a des années. Je me dirigeais vers un château brûlé en grimpant un chemin pierreux dominant l’océan, j’entrais dans la cour, le donjon fumait et les cendres avalaient mes pas. Je m’emplissais douloureusement de la désolation des lieux mourants. Je n’en sus guère davantage. Mais ce soir, devant l’exacte illusion de ce jeu de légo incandescent, je te dis : « Regarde, le temps qui mange la vie ». Image fascinante, apaisante, troublante, effrayante. Toutes les émotions s’y reconnaissent., nous assoupissent pour mieux nous surprendre, raviver les passions. J’ai longtemps rêvé de l’Islande, de la naissance du monde, je suis partie si loin dans l’Univers à la recherche du secret, je me suis enivrée de vertiges jusqu’à me cogner au mur de Planck. D’un mirage à un autre, j’ai continué. Et même si je ne sais rien, tout est là, indéchiffrable chant mêlant le doux au furibond, comme le vent, la mer et la vie. Les esprits crépitent et s’évaporent. Le feu est un ogre. Ô temps mon ami. Sous le cri strident de la charmante hulotte femelle répondant au « hou houhou » de son mâle, un livre nonchalamment abandonné à mes côtés, le corps accablé de chaleur, je poussais mollement l’escarpolette de l’espérance cherchant à mettre de l’ordre dans ma comédie divine. Ici, le miroir s’est ouvert.

Belle métaphore. Nos vies qui se consument dans la cendre des souvenirs …
J’aimeAimé par 2 personnes
J’apprends avec ravissement que l’espérance dispose d’une escarpolette ; ce qui doit expliquer qu’il est parfois si difficile de la saisir…
J’aimeAimé par 1 personne
Tout à fait ! 🙂
J’aimeAimé par 2 personnes
Paradoxalement, comme on souffle sur les braises, le feu de cheminée peut aussi raviver la mémoire comme la madeleine de Proust.
J’aimeAimé par 1 personne
Pourquoi pas ?
J’aimeJ’aime
mon dieu que c’est beau et fascinant, comme toujours chez toi Evy! je m’enivre avec toi du feu des souvenirs et je laisse du temps…..au temps 🙂
gros bisous!
J’aimeJ’aime
maly la louve, tu me fais l’effet d’un feu follet.
J’aimeAimé par 1 personne
un feu follet avec un p’tit lutin de ‘vy, ça le fait, n’est-ce pas? hihihi…………bisous, Evy
J’aimeJ’aime
Un peu que ça le fait ! Bises, frétillante malyloup.
J’aimeAimé par 1 personne
« Mêler le doux au furibond », merveilleuse tentation.
J’aimeJ’aime
Pourquoi s’en priver ?
J’aimeJ’aime
Ici tes mots, comme l’eau qui coule et la flamme qui ondule.
J’aimeAimé par 1 personne